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Coqueluche en France : changements épidémiologiques

publié le jeudi 1er mai 2008

La vaccination systématique des jeunes enfants contre la coqueluche a modifié l’épidémiologie de l’infection : celle-ci survient principalement chez des jeunes enfants qui ne sont pas encore vaccinés et chez des adolescents et adultes ayant une immunité post-vaccinale diminuée. C’est ce que constate une récente étude de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) en France, portant sur tous les cas enregistrés de coqueluche entre 2000 et 2005.

Le schéma vaccinal français prévoit 3 vaccinations aux âges de 2, 3 et 4 mois et un rappel à 15-18 mois, puis à 11-13 ans. Depuis 2004, la vaccination est également recommandée au personnel médical en contact avec de jeunes enfants non encore vaccinés. On conseille la vaccination aux femmes désireuses de procréer. En cas de grossesse, la vaccination est recommandée au père et aux autres enfants vivant sous le même toit.

Cas en milieu hospitalier

Entre 2000 et 2005 ont été récoltées au total 67 déclarations d’épidémies de coqueluche portant sur 595 cas.
Près de la moitié (31) des déclarations émanaient d’institutions médicales. Ces 262 cas se répartissaient en 4 cas sporadiques et 27 poussées épidémiques impliquant un total de 258 personnes, avec une moyenne de 10 cas par épidémie (extrêmes de 2 à 91). Le personnel médical était infecté dans 27 des 31 déclarations. Les patients étaient à l’origine de l’infection seulement dans 7 des 27 épidémies, et dans 3 autres étaient infectés secondairement. Dans 3 des 4 autres déclarations, il s’agissait d’enfants hospitalisés depuis la naissance et contaminés par les visiteurs ou des membres de la famille. La source était inconnue dans l’ultime dossier.

Dix-sept (6%) des 262 cas concernaient des enfants âgés de moins d’un an. Pour 5 de ces enfants, la source de contamination était les parents, pour 2 le personnel soignant. Dans 6 des 14 institutions concernées, le personnel soignant était vacciné suite à un épisode de coqueluche antérieur. Le taux de vaccination dans le seul hôpital disposant de données vaccinales atteignait 58% (348 des 596 membres du personnel).

Cas hors hôpitaux

Dans 36 des 67 déclarations, il s’agissait de poussées épidémiques hors hôpitaux, impliquant 333 personnes infectées dont 53% d’enfants de moins de 16 ans et 30% d’adultes (17% « âge inconnu »). Vingt enfants (6%) étaient âgés de moins d’un an. Six patients sont décédés, tous à un âge inférieur à 7 mois. Seul un de ces enfants aurait pu être protégé par sa vaccination, les autres étant trop jeunes. Pour 5 des enfants âgés de moins d’un an, il est établi que les parents constituaient la source de contamination ; pour 2 un frère ou une soeur. Dans les autres cas, la source de l’infection est non connue, mais il s’agissait probablement d’un enfant plus âgé. Ceci souligne l’importance de la recommandation de vacciner les parents et la fratrie avant la naissance d’un enfant.

Dix-sept des déclarations, regroupant au total 110 enfants et 38 adultes infectés, concernaient des écoles primaires (8), secondaires (8) ou une crèche. Cinq poussées épidémiques étaient recensées en milieu de travail. Les données sur l’âge et l’état vaccinal des patients sont fort incomplètes. Mais on estime de manière générale que la couverture vaccinale pour le rappel à 11-13 ans est de 50% environ. Ceci peut être une explication possible aux nombreux cas d’infections déclarés dans les écoles secondaires.

Paul Geerts

Référence :
Bonmarin I, Poujol I, Lévy-Bruhl D, Nosocomial infections and community clusters of pertussis in France, 2000-2005. Euro Surveill 2007 ;12(11). www.eurosurveillance.org/em/v12n11/1211-226.asp

Pour la pratique

Cette étude met en évidence que la plupart des infections coquelucheuses pourraient être évitées si les parents de nourrissons et le personnel soignant étaient vaccinés. En outre, il est important que la maladie soit reconnue rapidement et qu’on réagisse de manière adéquate lors d’une épidémie. Ce sont principalement les jeunes enfants qui constituent le groupe à risque et qui doivent être protégés dès qu’une infection survient, même en présence d’un cas isolé. On doit toujours évoquer l’éventualité d’une coqueluche chez des adolescents ou des adultes qui toussent depuis plus d’une semaine, surtout la nuit.


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