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Vacciner au-delà de l’âge de 6 ans ?

publié le mercredi 1er janvier 2003

La vaccination généralisée des nouveau-nés contre la coqueluche a permis une diminution spectaculaire, parmi les nourrissons, des complications graves et des décès liés à cette infection. Le calendrier recommandé jusqu’en 2000 dans notre pays prévoyait l’administration de 4 doses de vaccin, à 3, 4, 5 et 13-14 mois.

Situation récente

Depuis 2001, l’âge de vaccination a été abaissé à 2 mois, afin de protéger plus précocement les nouveau-nés, principalement contre la coqueluche et l’Haemophilus influenzae de type b.

Dans notre pays, la couverture vaccinale mesurée en 1999 atteignait pour les 3 premières doses vaccinales 95% en Flandre et 97% en Communauté française ; pour la 4ème dose, on constate une baisse du taux de vaccination, qui s’établissait à 89% en Flandre et 81% en Communauté française (voir Vax Info n° 31 octobre 2001 p. 5-6). La couverture vaccinale nettement amoindrie pour la 4ème dose est principalement attribuée à la fréquence des effets secondaires du vaccin contre la coqueluche à cellules entières. Ce vaccin n’est par ailleurs pas utilisable chez des enfants plus âgés ou des adultes, en raison d’effets secondaires encore accrus en cas d’ administration au delà de l’âge de 2 ans.
L’introduction récente des vaccins combinés contenant le Pertussis acellulaire (DTPa), dont les effets secondaires sont nettement moindres, permet d’espérer une amélioration rapide de la couverture vaccinale chez les enfants de 13-18 mois. En Communauté française, le calendrier vaccinal prévoit une injection de rappel DTPa à 6 ans. En Flandre, le rappel contre la coqueluche n’est pas administré à 6 ans.
_Des vaccins combinés diphtérie – tétanos – pertussis acellulaire seront prochainement disponibles en dosages adaptés (dTpa) tant aux enfants dès l’ âge de 4 ans, qu’ aux adultes. Grâce à l’existence des vaccins DTPa et dTpa, la vaccination contre la coqueluche pourra être administrée à tous les âges de la vie.

La coqueluche et l’adulte : réflexions

Nous avons déjà abordé la problématique de la coqueluche (voir Vax Info n° 29 de janvier 2001 p. 1-2 ; n° 34 d’octobre 2002 p. 4-6).
Voici en résumé quelques éléments essentiels de la réflexion en cours sur les futures options d’ une politique de vaccination contre la coqueluche.
• Des études ont montré que l’ immunité obtenue par vaccination décroît considérablement dans les 6 à 12 ans suivant la vaccination. En outre, grâce à l’efficacité de la vaccination, on constate une diminution de la probabilité de rencontrer le Bordetella pertussis ; cette diminution de l’exposition à l’infection se traduit par un moindre entretien de l’immunité par rappels naturels. En conséquence, on constate l’éclosion de cas individuels ou d’épidémies au sein de communautés scolaires.
• Les cas de coqueluche sont beaucoup plus fréquents qu’on ne le pensait dans le passé. Des études ont permis, par exemple, de chiffrer l’incidence de l’infection par Bordetella pertussis à 330/100.000 en Angleterre et au Pays de Galles et à 507/100.000 au Minnesota (alors que sur base des systèmes de notifications officielles, elle était estimée respectivement à 4/100.000 et 5,5/100.000).
• Les infections chez des adolescents et des adultes sont généralement asymptomatiques. Mais dans certains cas, elles peuvent entraîner : une toux sévère à violente, surtout nocturne ; une toux persistant de 3 à 6 semaines (exceptionnellement jusqu’ à 90 jours). Certaines complications peuvent survenir, comme des vomissements, une perte de poids, une pneumonie, etc.
• La principale conséquence des infections chez des adolescents et des adultes est la dissémination du Bordetella pertussis vers les nourrissons qui ne sont pas encore protégés par la vaccination. Il est maintenant bien établi que la transmission intrafamiliale de Bordetella pertussis est importante.

Sur base de ces éléments se pose la question de l’opportunité d’étendre les rappels de vaccination contre la coqueluche au-delà de l’âge de 2 ans : aux enfants, aux adolescents, voire aux adultes.

Vaccinations de rappel contre la coqueluche ?

Un groupe international de consensus sur l’ immunisation contre la coqueluche a publié en 2001 une communication dans la revue Vaccine. Selon ces experts, la stratégie idéale consisterait à administrer des rappels diphtérie – tétanos – coqueluche à tous les adolescents et adultes, à intervalle régulier tout au long de la vie ; cependant, ils reconnaissent les difficultés, tant logistiques qu’économiques d’une telle option.
Un programme plus ciblé pourrait concerner :
• les adolescents : ils courent un risque accru d’ infections et sont aisément accessibles au sein des établissements scolaires ;
• les adultes les plus susceptibles d’être au contact de jeunes enfants (pa- rents, professionnels de l’enfance et travailleurs de santé). Ces personnes devraient être a priori motivées. L’immunisation pourrait être proposée aux mères dès la naissance de leur bébé ;
• il est également possible d’ immuniser les adultes vulnérables (et leurs proches) que l’ âge ou l’état de santé prédisposent à des complications graves suite à une coqueluche.
Ce groupe international de consensus relève enfin la nécessité de développer les recherches et recueils de données sur l’ incidence et l’histoire naturelle de la maladie au sein de la population. Il souligne l’importance de la publication de recommandations émanant des pouvoirs publics en charge de la politique vaccinale.

En Belgique, vu l’importance de ce sujet, le Conseil Supérieur d’Hygiène se penche actuellement sur la question.

Référence :
M. Campins-Marti, H.K. Cheng, K. Forsyth, N. Guiso, S. Halperin, L.-M. Huang, J. Mertsola, G. Oselka, J. Ward, C.H. Wirsing von König, F. Zepp. Recommandations are needed for adolescent and adult pertussis immunisation : rationale and strategies for consideration. Vaccine ; 2001 ; 20(5-6) : 641-646.


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