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Vaccination et système immunitaireprint

publié le vendredi 6 juillet 2012

Les vaccins ne sont-ils pas la cause du nombre croissant de cas d’asthme et d’eczéma ?

Depuis quelque temps, certains défendent l’idée que l’exposition moindre aux infections (due à la vaccination, à l’amélioration des conditions sanitaires et aux habitudes d’hygiène) serait à l’ origine de l’incidence croissante des affections atopiques comme les allergies des voies respiratoires, l’asthme et l’eczéma. Cette "hypothèse hygiénique" suggère que notre mode de vie occidental conduit à une stimulation moindre des lymphocytes T helper 1 (Th1) et à une polarisation du système immunitaire vers des réactions de type T helper 2 (Th2). Les réactions Th1 sont suscitées par des infections microbiennes ; elles ont pour conséquence une forte production d’interféron-γ par les cellules Th1 activées et conduisent à des réactions inflammatoires dont la réaction de Mantoux est un exemple bien connu. Les réactions Th2 se traduisent par la production, parmi d’autres, d’interleukines 4, 5 et 6 (IL-4, IL-5 en IL-6), molécules d’alerte qui stimulent principalement les réactions allergiques (à médiation par IgE). Bien que de nombreuses études aient déjà tenté de confirmer ou d’infirmer "l’hypothèse hygiénique", les résultats restent contradictoires. Tout indique que la naissance d’une atopie (rhume des foins, asthme, eczéma) repose sur plusieurs éléments : bagage génétique, exposition à des facteurs environnementaux (allergènes, fumée de tabac, petites particules atmosphériques, gaz d’échappement, etc) ou manque d’exposition à des facteurs environnementaux (agents infectieux). Une association directe entre hygiène et asthme n’est pas encore démontrée et l’identification d’un (ou de plusieurs) microorganisme, qui aurait par exposition de l’organisme un effet protecteur contre l’asthme ou l’atopie, est encore moins établie. Aucune étude ne montre une augmentation des cas d’asthme ou d’allergie chez des enfants vaccinés.

Les normes d’hygiène élevées, appliquées depuis déjà longtemps dans le monde occidental, ont, à côté d’avantages indéniables, également d’autres implications. De nos jours, les enfants entrent en contact plus tardivement que jadis avec certains agents infectieux, à un moment où les anticorps maternels ont disparu depuis longtemps. Du fait de la disparition de la protection passive maternelle, ces infections connaissent un décours plus grave qu’auparavant. Le haut niveau d’hygiène a pour conséquence que les jeunes femmes, qui sont de futures mères, n’entrent pas en contact, ou beaucoup plus tard, ou dans une moindre mesure, avec certains microbes ; avec comme corollaire une absence d’immunité ou l’induction d’une immunité faible et temporaire. De ce fait, elles ne peuvent transmettre à leur bébé que peu, ou pas d’anticorps protecteurs. Si en outre, on ajoutait à cette situation une adhésion moindre aux programmes de vaccination, on tomberait dans une situation dangereuse où les jeunes enfants, non encore protégés par les anticorps maternels et dépourvus de la protection induite par la vaccination, deviendraient la cible de nombreuses infections graves. Comme nous ne prévoyons pas un abandon de nos habitudes d’hygiène, nous ne pouvons que nous empresser d’implanter et si possible d’améliorer, imperturbablement et infailliblement notre politique vaccinale. Ce que nous pouvons dire à l’heure actuelle, c’ est qu’en raison des normes élevées d’hygiène que nous appliquons et de la fiabilité de nos vaccinations, certaines maladies infectieuses et leurs complications graves, parfois létales, ne surviennent plus. Par voie de conséquence, elles ne sont plus perçues comme menaçantes par la population, ni même de manière toujours croissante par les médecins. Les effets secondaires réels, et également supposés, sont par contre perçus maintenant comme "le problème" et éclairés de manière circonstanciée et sensationnaliste par les médias. Il est important que le corps médical et l’industrie collaborent de manière intensive pour détecter à temps les vraies complications des vaccins et pour documenter le lien de causalité entre un vaccin et un effet secondaire afin de prendre les mesures adéquates. Jeter le discrédit sur la politique de vaccination actuelle en s’ appuyant sur un soi-disant danger ou sur des idées fausses sur le système immunitaire du nourrisson ou la composition des vaccins modernes est franchement dangereux. Tous les vaccinateurs (médecins généralistes, pédiatres, médecins scolaires et autres soignants) doivent considérer comme une de leurs missions d’ informer correctement les parents et les enfants, des avantages et inconvénients des vaccinations et de réduire, autant que possible, l’ignorance et l’incompréhension vis-à-vis des vaccins.

Isabel Leroux-Roels (1),
Corinne Vandermeulen (2),
Geert Leroux-Roels (1)


(1) Centrum voor Vaccinologie - UGent en UZGent,
(2) Dienst Jeugdgezondheidszorg - K. U. Leuven

Références sur simple demande auprès du secrétariat de rédaction.

Quelle est la maturité du système immunitaire du nourrisson ?

Le nombre de récepteurs des cellules B et T dont dispose un homme est estimé à respectivement 1014 et 1018. La plus grande partie de ces divers récepteurs est déjà présente à la naissance, de sorte qu’un nouveau-né a la possibilité de réagir contre la plupart des antigènes auxquels il est confronté.
L’efficacité de la réponse immunitaire du nouveau-né est illustrée par l’effet protecteur de la vaccination contre l’hépatite B administrée dès le premier jour de vie aux enfants de mères porteuses chroniques du VHB. Durant sa première année de vie, un nourrisson bénéficie également de la protection passive des anticorps maternels reçus via la circulation trans-placentaire et l’allaitement. Au fur et à mesure du temps et des rencontres avec toujours plus de nouveaux antigènes microbiens, son répertoire immunitaire se développe. Il existe certes une série de différences qualitatives et quantitatives entre le système immunitaire du jeune enfant et de l’adulte. Une différence majeure est l’impossibilité pour un enfant de moins de 2 ans de réagir adéquatement à des antigènes polysaccharidiques. Ces antigènes B ne font pas intervenir les cellules T et éveillent sans problème une bonne réponse d’ anticorps chez les enfants plus âgés et les adultes, contrairement à ce qui se passe chez des très jeunes enfants (< 2 ans). Cette incapacité des nourrissons et des bébés est responsable de leur susceptibilité élevée vis-à-vis des infections dues aux bactéries porteuses d’une enveloppe de polysaccharides, comme Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae. Cette immaturité, dont le mécanisme sous-jacent n’est pas encore bien connu, explique aussi que les jeunes enfants réagissent peu aux vaccins polysaccharidiques contre les bactéries précitées. On peut abolir ce déficit en couplant l’antigène polysaccharidique à une autre molécule, par exemple une protéine très immunogène comme l’anatoxine tétanique, afin que les lymphocytes T, qui reconnaissent le fragment d’anatoxine tétanique, stimulent des lymphocytes B qui produiront les anticorps contre la partie polysaccharidique. Cette voie ingénieuse a permis de faire d’un antigène polysaccharidique un antigène dépendant des cellules T et ainsi d’offrir une protection aux nourrissons et jeunes enfants contre Haemophilus influenzae type b ou Neisseria meningitidis type C ou Streptococcus pneumoniae. La crainte que le système immunitaire d’ un nourrisson soit amené à l’ épuisement du fait de l’ administration de quelques vaccins est non fondée. La capacité de réserve du système immunitaire est gigantesque et selon quelques estimations chiffrées, l’administration actuelle de 11 vaccins n’occuperait qu’ un millième (0,1%) de cette capacité théorique. Les lymphocytes B et T, principales cellules responsables d’ une réponse immunitaire spécifique à un antigène, sont constamment produits, respectivement par la moëlle osseuse et le thymus, si bien qu’un épuisement du système immunitaire ne survient jamais.

Le système immunitaire d’un jeune enfant n’est-il pas surchargé par les nombreux vaccins qui lui sont actuellement proposés ?

L’accroissement du nombre de vaccins que les nourrissons et les jeunes enfants reçoivent et qui est source de soucis pour certains parents n’ est qu’une apparence, et même une perception fausse d’un point de vue immunologique. Si l’on vaccine en effet contre un plus grand nombre d’affections, le nombre d’antigènes a lui diminué, puisque la composition des vaccins a été considérablement modifiée au cours des dernières années ; l’amélioration est telle que le nombre d’antigènes auxquels le jeune enfant est confronté a été divisé par plus de 20. Ceci est illustré clairement par le tableau qui montre comment durant le 20e siècle, le nombre de protéines immunogènes (antigènes) augmente initialement de quelques centaines à plus de 3.000, pour s’établir actuellement à une cinquantaine environ. D’un seul coup d’œil, on peut se rendre compte que l’ arrêt de la vaccination systématique contre la variole et la récente substitution du vaccin contre la coqueluche à cellules entières (Pw) par le vaccin acellulaire (Pa) a réduit l’exposition aux substances « étrangères » de plus de 3.200 antigènes. Les vaccins qui sont actuellement utilisés se distinguent par leur pureté et renferment des composants bien définis avec une charge antigénique limitée. Ainsi, le vaccin contre l’hépatite B contient uniquement une protéine recombinante, en l’occurrence l’ antigène de surface du virus ; le vaccin contre la poliomyélite comporte une quinzaine de protéines virales. Alors qu’une protection adéquate est offerte contre un nombre toujours croissant d’agents infectieux, le système immunitaire du jeune enfant n’a jamais été aussi peu surchargé qu’actuellement. L’idée que la vaccination puisse conduire à une surcharge du système immunitaire est donc moins que jamais fondée. Les enfants qui ont été adéquatement vaccinés n’ont pas plus de risques de faire des infections courantes que les enfants non vaccinés. Au contraire, ces enfants bien vaccinés sont protégés contre la morbidité importante et les séquelles liées aux infections dues à Clostridium tetani, Corynebacterium diphteriae, Bordetella pertussis, Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae, aux virus de la poliomyélite, de l’hépatite B, de la rougeole, de la rubéole et des oreillons, au Rotavirus. Une vaccination précoce contre certaines infections protège l’enfant contre des infections dont la gravité et la morbidité s’accroissent à un âge plus tardif (p.e. la rougeole et l’hépatite B).

Isabel Leroux-Roels (1),
Corinne V andermeulen (2),
Geert Leroux-Roels (1)
(1) Centrum voor Vaccinologie - UGent en UZGent,
(2) Dienst Jeugdgezondheidszorg - K. U. Leuven

Références :
 Vandermeulen C. Zijn vaccins gevaarlijk of niet ? Patient Care 2002 ; 25(9) : 12-20
- Offit PA, Quarles J, Gerber M, Hackett CJ, Marcuse EK, Kollman TR, Gellin BG, Landry S. Addressing parent’ s concerns : do multiple vaccines overwhelm or weaken the infant’ s immune system. Pediatrics 2002 ;109:124-129.
 Kemp A, Bjorkstén B. Immune deviation and the hygiene hypothesis : a review of the epidemiological evidence. Pediatr Allergy Immunol 2003 ;14:74-80
- Warner JO. The hygiene hypothesis – Editorial. Pediatr Allergy Immunol 2003 ;14:145-146.
- Zinkernagel RM. Maternal antibodies, childhood infections, and autoimmune diseases. New Engl J Med 2001 ;345:1331- 1335.


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