A l’exception de rares réactions allergiques aux vaccins contenant du thiomersal, aucun autre effet secondaire n’est démontré. Outre le thiomersal, d’autres produits de conservation contiennent du mercure : thiomerosal, merthiolate et thimerfonate.

Le mercure dans l’environnement

Le mercure existe sous trois formes : métal, composés organiques (comme l’éthyle de mercure) et sels inorganiques. La toxicité du mercure dépend de la forme, du dosage, du mode de prise et de l’ âge lors de l’ administration. Les composés organiques de mercure ont principalement une influence sur le système neurologique, mais peuvent également s’attaquer aux reins et au système immunitaire. Les fœtus sont plus sensibles au mercure que les enfants et les adultes. Tout le monde est exposé de manière limitée au mercure. Celui-ci est présent naturellement dans le sol et les plantes, et en outre comme contaminant dans l’air, l’eau et notre alimentation. Il est utilisé dans une multitude de produits comme des peintures, des pesticides, des produits de nettoyage. Il est également présent dans des cosmétiques et des médicaments et constitue un composant important des amalgames dentaires.
La source la plus importante d’exposition au mercure est vraisemblablement la consommation de poissons.

Etude

Jusqu’à présent, l’effet des vaccins contenant du thiomersal sur les concentrations sanguines de mercure des nourrissons n’ avait été que peu étudié. Le métabolisme du thiomersal chez les nourrissons est également inconnu. En considérant qu’ un vaccin contient 12,5 ou 25 microgrammes de mercure, les nourrissons reçoivent au cours des 6 premiers mois de vie plus de 100 microgrammes de mercure.
Une étude publiée récemment mesurait après vaccination les concentrations en mercure (organique et inorganique) dans le sang, les urines et les matières fécales de nourrissons. Vingt nourissons âgés de 2 mois et 20 nourrissons âgés de 6 mois ont reçu un vaccin contenant du thiomersal : DTPa (Tripedia®), hépatite B (Engerix®) et Haemophilus influenzae de type b (HibTiTer®). Dans un groupe contrôle, 21 nourrissons ont reçu un vaccin sans thiomersal : DTPa (Infanrix®), hépatite B (Recombivax HB®) et Haemophilus influenzae de type b (ActHib®). Les échantillons de sang, d’urines et de selles étaient prélevés 3 et 28 jours après la vaccination.

– Les concentrations en mercure dans le groupe thiomersal étaient non mesurables ou très basses. Lorsqu’elles étaient mesurables, on constatait une concentration plus élevée parmi les nourrissons de 2 mois que parmi ceux de 6 mois. Les concentrations les plus élevées étaient mesurées dans les premiers jours après administration des vaccins. Dans aucun des échantillons sanguins, le seuil de 29 nmol/L, considéré comme sûr, n’était atteint. La concentration la plus élevée atteignait 20,55 nmol/L pour un nourrisson de 2 mois qui avait été vacciné par Engerix® B et Tripedia®.

– Les concentrations de mercure dans les urines n’ont été mesurables que dans 4 cas seulement. La concentration la plus élevée atteignait 6,45 nmol/L chez un bébé de 6 mois.

– Du mercure (principalement anorganique) a été retrouvé dans les selles de pratiquement tous les nourrissons ayant reçu un vaccin contenant du thiomersal. Les concentrations étaient un peu plus élevées chez les nourrissons âgés de 2 mois que chez ceux âgés de 6 mois. Les selles n’ont pas été analysées chez les nourrissons n’ayant pas reçu un vaccin contenant du thiomersal.

– L’analyse des cheveux des mères des enfants ayant participé à l’étude a montré que les cheveux contenaient en moyenne 0,32 à 0,45 microgrammes de mercure par gramme de cheveu ; ceci peut indiquer qu’une partie du mercure mesuré dans le sang de l’enfant pour- rait provenir d’autres sources. Des concentrations de mercure de 0,24 à 0,42 microgrammes/g étaient également mesurées dans le lait de quelques mères.

Conclusions

Se basant sur cette étude et sur 60 années d’expérience avec les vaccins contenant du thiomersal, les auteurs concluent que les concentrations sanguines en mercure restent bien en dessous du seuil de sécurité et que le mercure est très rapidement éliminé par les selles. Des vaccins contenant du thiomersal peuvent donc être considérés comme sûrs pour les enfants nés à terme. Chez des prématurés de très petit poids, ces vaccins ne sont pas indiqués pour être administrés à la naissance. Un commentaire publié conjointement à l’ étude, qualifie celle-ci de bienvenue, car permettant de donner un message d’apaisement face à l’émergence dans les médias de nouvelles toujours plus alarmistes sur les dangers de l’ accumulation de mercure dans l’organisme et sur diverses affections chroniques qui pourraient en être la conséquence.

Référence :
M.E. Pichichero, E. Cernichiari, J. Lopreiato, J. Treanor. Mercury concentrations and metabolism in infants receiving vaccines containing thiomersal : a descriptive study. The Lancet. 2002 ; 360 : 1737-1740.