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Rubéole et toxoplasmose : état immunitaire chez les filles de 12 à 18 ans

publié le mardi 14 janvier 1997

Il n’y a que très peu de données sur la séroprévalence pour la rubéole et le toxoplasme chez les jeunes femmes en Belgique.

En 1985, Verhofstede et ses collaborateurs ont publié les résultats d’une enquête dans la région de Gand, sur l’évolution de l’immunité pour la rubéole et la toxoplasmose chez les femmes enceintes durant la période 1976-1983. Ils ont constaté que durant cette période, l’immunité pour la rubéole a augmenté, tandis que celle pour la toxoplasmose diminuait. Les résultats d’une enquête, menée en 1995, également à Gand, chez 318 étudiantes de 11 à 18 ans, confirment cette tendance.
Dans cette étude récente, les anticorps IgG contre la rubéole et le toxoplasme ont été détectés à l’aide de « microparticle enzyme immunoassays » (MEIA’s) sur un appareil automatique IMx (Abbott Diagnostics, N-Chicago, Illinois), selon les prescriptions du producteur (IMx Rubella IgG et IMx Toxoplasme IgG). Les titres des anticorps étaient exprimés en UI/ml.

Pour la rubéole, des valeurs en dessous de 5 UI/ml étaient considérées comme négatives, tandis que les titres de 10 UI/ml ou plus étaient protocolés comme indubitablement positifs. Pour le toxoplasme, des valeurs en-dessous de 2 UI/ml étaient considérées comme négatives, et celles au-delà de 3 UI/ml comme positives. Un pareil taux signe une infection passée et garantit une protection à vie contre une infection aiguë par le toxoplasme.

Résultats

Chez 313 des 318 filles (98,4%), on a trouvé des taux protecteurs d’anticorps contre la rubéole. Deux des 5 filles n’ayant pas d’IgG contre la rubéole n’étaient pas vaccinées. Les trois autres se disaient vaccinées. Chez ces trois filles, la séronégativité peut s’expliquer par une réponse immunitaire inadéquate au vaccin, en ce sens que la vaccination n’a pas induit une production d’anticorps du tout, ou seulement pour une très courte période.
Bien qu’on n’ait pas trouvé de relation significative entre l’âge des filles et les taux d’IgG antirubéoleux, les titres les plus élevés (>500 IU/ml) étaient plus fréquents chez les participantes les plus jeunes (12-15 ans).
Des anticorps contre le toxoplasme ont été trouvés chez seulement 69 des 318 étudiantes (21,7%). Les valeurs des dosages positifs oscillaient entre 4,1 et 300 UI/ml. Contrairement au constat valable pour les IgG contre la rubéole, les participantes plus âgées (16-18 ans) avaient des taux significativement plus élevés d’IgG contre la toxoplasmose que les plus jeunes. Par contre, la fréquence de séropositivité des élèves plus jeunes n’était pas différente de celle des plus âgées.

Discussion

Bien que cette étude de séroprévalence ne soit pas très étendue (323 personnes), et ne concerne qu’un groupe sélectionné d’étudiantes en humanités, elle apporte des messages utiles.
 La stratégie actuelle de vaccination (via les consultations de l’ONE et la médecine scolaire), donne un degré de séroprotection contre la rubéole qui est très élevé et semble le rester.
Verhofstede et ses collaborateurs avaient enregistré, déjà en 1983, que la couverture vaccinale était très satisfaisante ; il est encourageant de constater qu’elle est maintenue. Ces résultats doivent nous encourager à persévérer et surtout à ne pas nous reposer sur nos lauriers. La revaccination à 12 ans est très importante.

 Cette enquête indique que la vaccination contre la rubéole échoue rarement (1%). Afin de prévenir tout cas de rubéole congénitale, il est important de vérifier l’état vaccinal de chaque jeune femme avant la conception (sur base d’un document probant comme par exemple une carte de vaccination), et le cas échéant, de compléter la vaccination (en prévoyant une contraception pendant 3 mois).

 Seule une fille sur cinq a contracté une infection par toxoplasme. Ceci veut dire que près de 4/5 des jeunes femmes ne sont pas protégées et courent en conséquence le risque d’être infectées pendant la grossesse. Il reste dès lors conseillé de contrôler l’immunité contre la toxoplasmose de chaque femme enceinte. Pour les femmes enceintes non-immunisées, outre un monitoring sérologique, les mesures classiques de prévention sont recommandées : éviter le contact avec les chats, prendre des précautions quant à la consommation de légumes crus, manger de la viande bien cuite, éviter le jardinage.

 En 1983, Verhofstede et ses collaborateurs ont trouvé des anticorps contre le toxoplasme chez 40,9 % des femmes enceintes. La diminution considérable entre 1983 et 1995 suggère une baisse de l’incidence des infections par toxoplasme. L’écart constaté peut toutefois s’expliquer aussi par des différences au sein du groupe étudié. Les femmes concernées par l’étude de Verhofstede et de ses collaborateurs, étaient en moyenne 10 ans plus âgées que la population des étudiantes. En outre, les caractéristiques socio-économiques de ce dernier groupe étaient plus élevées.

La toxoplasmose dans d’autres pays

Une rapide consultation de la littérature montre que la séroprévalence de la toxoplasmose varie fortement d’un pays à l’autre, et même d’une région à l’autre dans un même pays.
Une étude auprès de femmes enceintes dans différentes régions de la Suède a montré des séroprévalences variant de 12% au Nord de la Suède à 18 % dans la région de Stockholm et 26% sur l’île de Gotland. La séroprévalence globale, mesurée chez 9059 femmes Suisses lors de l’accouchement, atteignait 46,1%. Les séroprévalences dans les différents cantons n’étaient pas significativement différentes.

Une étude récente de séroprévalence de la toxoplasmose en France et ses pays d’outre-mer, a montré que 54% des femmes examinées avaient des anticorps (moyenne globale), tandis qu’en 1983 ce chiffre était encore de 63%. La séro-prévalence augmentait avec l’âge. Il y avait également des différences régionales très nettes. En 1993-1994, à Strasbourg, seules 20% des filles de 10 à 19 ans étaient immunisées contre le toxoplasme ; en Guadeloupe, ce chiffre atteignait 60% en 1979.
L’enquête francaise montre également la connaissance très variable que les jeunes femmes ont de cette maladie, de sa transmission et des mesures préventives que les femmes séronégatives devraient respecter pendant toute leur grossesse. Il existait un besoin évident de support éducatif à ce sujet.

Il est clair qu’un vaccin contre le toxoplasme serait d’une grande aide pour la prophylaxie de la toxoplasmose congénitale. En effet, la séroprévalence pour le toxoplasme est basse dans beaucoup de pays ; les mesures préventives ne sont pas toujours bien connues, et sont donc peu appliquées ; en outre elles ne peuvent pas prévenir à 100% une infection.

Prof. Dr. G. Leroux-Roels, UZ Gent.

Références :
1. Verhofstede C et al. Evolutie van de immuniteit voor rubella en toxoplasma bij zwangeren tussen 1976 en 1983. Tijdschrift voor Geneeskunde 1985 ; 41 : 719-22.
2. Vandekerckhove C, Verstraete A, Leroux-Roels G. De immuunstatus voor rubella en toxoplasma bij meisjes van 12 tot 18 jaar. Tijdschrift voor Geneeskunde 1996 ; 52 : 319-323
3. Ljungstrom I et al. Seroepidemiology of Toxoplasma gondii among pregnant women in different parts of Sweden. Eur. J. Epidemiol 1995 ; 11 : 149-156.
4. Epidémiologie de la toxoplasmose en Suisse : étude nationale de séroprévalence menée chez les femmes enceintes en 1990-1991. Schweiz. Med. Wochenschr. 1995 ; 65 : 29S-38S.
5. Carme B, Tirard-Fleury V. La toxoplasmose chez la femme enceinte en France : séroprévalence, taux de séroconversion et niveau de connaissance des mesures préventives. Tendances 1965-1995. Méd. Mal. Infect. 1996 ; 26 : 431-436
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